Nous avons eu l'opportunité de tester le jeu de gestion du studio sud-africain Free Lives. La bonne pioche indé à se mettre sous la dent ?
L'écologie est importante pour l'avenir du monde, pourquoi ne pas l'intégrer de manière ludique dans un jeu vidéo ? C'est toute l'ambition du studio Free Lives avec Terra Nil qui souhaite vous proposer une approche foncièrement différente de cette thématique. Ici, nulle question de vous faire la leçon de manière insidieuse mais plutôt de vous proposer un jeu intelligent et fun qui vous fait réfléchir à la question. L'objectif du jeu est en apparence très simple, le titre vous demande de terraformer une terre stérile et sans vie pour en faire un nouvel écosystème riche et prospère. Très vite (ou pas) vous allez donc pouvoir transformer un sol aussi mort qu'un No man's land de la bataille de Verdun en une forêt luxuriante. En ce sens, le jeu s'inspire aussi de certains projets de la NASA (mais pas que) pour coloniser Mars ou certaines planètes peu accueillantes dans l'objectif d'en faire un endroit vivable. Des idées que l'on retrouve aussi dans des fictions comme chez l'écrivain Kim Stanley Robinson (La Trilogie de Mars) ou chez des scientifiques comme Marshall T. Savage et Robert M. Zubrin.
Apporter la vie
Terra Nil a eu la riche idée de proposer un système de génération procédurale qui garantit une expérience de jeu unique à chaque fois et surtout une grosse rejouabilité. Car la problématique qui se pose avec un jeu de gestion de ce type est souvent l'exploitation du système. C'est à dire qu'inconsciemment ou non, le joueur va retenir des patterns par cœur ce qui viendra grandement nuire à la longévité d'un jeu. Ici ça ne fonctionne pas comme ça et Terra Nil vous force à vous adapter. D'une partie à l'autre on peut donc être avantagé ou non par son environnement. Comble de l'intelligence écologique du jeu, le but n'est pas de nourrir une croissance infinie, mais plutôt de prendre soin de l'environnement pour atteindre le juste équilibre. Jusque dans ces choix donc, le jeu ne souhaite pas reproduire les erreurs qui ont pu amener à une telle situation dans la vie réelle.
Une direction artistique çà tomber par terre
Plongeons directement dans ce qui saute aux yeux. Le jeu est sublime, tout simplement. Il jouit d'une direction artistique à tomber par terre qui correspond parfaitement aux ambitions du studio en matière d'écologie. On passe rapidement d'un environnement sombre et morne aux teintes marrons à une vaste palette de couleurs qui mélange avec génie le vert et le bleu. Les deux couleurs qui composent la majorité de notre belle planète. Pour cette raison dans Terra Nil vous êtes un peu la "main de Dieu" ou du moins la main du peintre qui va petit à petit compléter sa toile de maitre. Passant de l'aspect terne et sombre de la toile à la beauté d''un paysage chatoyant. C'est d'autant plus beau que le titre mélange avec habilité différents biomes et écosystèmes. On y trouve par exemple de la toundra, des prairies, des forêts tropicales ou de la savane et bien évidemment l'écosystème marin.
Si l'on ajoute à cela une partie audio très qualitative, aussi bien au niveau de la musique que des sons d'ambiance, on a entre les mains un titre apaisant et relaxant parfait pour se reposer l'esprit. C'est clairement l'un des meilleurs dans sa catégorie.
Plusieurs étapes pour atteindre l'équilibre
Une partie se découpe en trois étapes ou plutôt plusieurs cycles. Le premier vous demande logiquement de rendre votre zone fertile via différents systèmes d'irrigation et d'oxygène. Le deuxième va ensuite vous permettre de diversifier votre végétation via plusieurs bâtiments comme des serres et divers options technologiques. Enfin la troisième étape consiste à déployer une faune. Car oui, votre écosystème tout neuf mérite une faune pour continuer à vivre et se régénérer en autonomie sans intervention extérieure.
C'est d'ailleurs pour ça que vous devrez recycler vos structures avant de partir pour laisser le moins de traces humaines possibles sur la planète. C'est bougrement intelligent. Dans Terra Nil tout est question de logique il est donc difficile d'aborder un sujet spécifique sans rentrer dans le spoil de mécaniques pur et simple. Sachez tout de même que vous pouvez faire le tour du jeu en une quinzaine d'heures. Le titre comprends 4 biomes de base et d'autres se débloquent par la suite pour faire perdurer le plaisir. C'est d'ailleurs relativement court pour un jeu de gestion et c'est là son principal défaut. Une fois que l'on comprend les risques pour chaque biome, tout devient assez simple. Il ne faut donc pas compter sur Terra Nil pour vous proposer beaucoup de défi.
Un manuel que vous pouvez sortir à tout moment et qui décompose chaque niveau en trois étapes permet d'admirer votre progression tout en signalant au joueur ce qui lui reste à faire. Tout va tout de même assez vite dans l'évolution de l'environnement. Vous utilisez des bâtiments qui apparaissent dans une rangée en bas de l'écran (Celle-ci diffère légèrement selon la carte) et à vous de jouer. Des turbines fournissent de l'énergie, puis plus tard des centrales géothermiques. Vous recouvrez le terrain d'épurateurs toxiques pour dépolluer l'environnement puis vous pouvez lancer des irrigateurs pour faire pousser l'herbe. Au fur et à mesure la courbe de progression sous forme de compteur fait apparaitre des fleurs, symbole de votre réussite en route ou future.
Ensuite vous utilisez des dissipateurs thermiques pour refroidir la lave et former de la roche, sur laquelle vous pouvez ensuite faire pousser des lichens à l'aide d'une serre à algues. Le cycle naturel de la vie. Si Terra Nil fut présenté comme étant un puzzle game, ne vous attendez tout de même pas à un jeu respectant toutes les prérogatives du genre. Sachez simplement que la construction des infrastructures nécessite parfois de respecter un schéma strict. Par exemple un irrigateur est toujours sur un terrain élevé au lieu d'un sol bas. Mais au delà de ça, le jeu est un peu trop simple pour être considéré comme étant un casse tête. Il s'agit beaucoup plus d'un jeu de gestion qui réclame de la logique qu'un puzzle game avec des notions de gestion
La véritable difficulté repose en fait dans la gestion des ressources. Tous les bâtiments coûtent des feuilles que vous gagnez en répandant de la verdure à la surface des continents. Et le seul casse tête réside dans le choix du prochain bâtiment à construire et dans son impact sur la nature. Cela ne va pas plus loin que ça et ça permet de ne pas franchir la barrière délicate entre jeu relaxant et jeu énervent. Le gros point fort de Terra Nil est d'ailleurs ce dernier point, un jeu reposant pour l'esprit qui vous apporte une grande douceur.